lundi 7 novembre 2011

Le mal de dos en 2011

LE MAL AU DOS en 2011

Introduction

Le banal« Mal de dos », dénomination commune de la lombalgie (à ne pas confondre avec les lombalgies symptomatiques d’affections graves d’origine inflammatoire, infectieuse ou tumorale qui peuvent au début de leur évolution en imposer pour un simple mal de dos), reste encore très présent dans nos sociétés occidentales en 2011 et constitue toujours un véritable fléau social qui plombe aussi sûrement les comptes de l’assurance maladie, qu’au siècle précédent.

Malgré tout, sa prise en charge devient de plus en plus spécifique au fur à mesure que les connaissances avancent, par exemple, les relations de l’équilibre sagittal du bassin et en particulier de la pente sacrée (facilement mise en évidence sur des clichés de la colonne vertébrale lombo sacréede profil) avec les 4 types de dos éclairent d’un jour nouveau la physiopathologie du mal de dos chronique.

Une meilleure prise en compte des facteurs de chronicisation qu’ils soient psychologiques, sociaux ou comportementaux est également une bonne avancée ainsi que l’intérêt prouvé en médecine de rééducation (médecine par les preuves qui évite d’utiliser des thérapeutiques sans ou avec peu d’effet) pour la redynamisation à la fois centrale cardio- respiratoire et périphérique musculaire à l’effort (restauration fonctionnelle du rachis) comme principal outil de prise en charge à la fois curatif et préventif,laissent espérer des jours meilleurs pour les individus qui souffrent et la société qui finance l’assurance maladie .

Physiopathologie et biomécanique

On sait depuis toujours que le rachis lombaire est le segment vertébral le plus exposé de l’axe rachidien, car il doit supporter le poids du corps et les contraintes mécaniques générées par le port de charge qui s’exercent sur les 3 éléments du trépied fonctionnel de JUNGHANS: le disque intervertébral en avant et les 2 articulations vertébrales postérieures en arrière.

La répartition des contraintes et donc l’usure de ces 3 éléments va être variable en fonction de la forme de la lordose lombaire en relation étroite avec l’incidence pelvienne (complexe lombo-pelvi-fémoral) et la pente sacrée (inclinaison du sacrum par rapport à l’horizontale) permettant de différencier 4 types de dos qui vont plus ou moins bien s’adapter aux différentes contraintes.

Ce mal de dos durable des rachialgies communes est lié à l’irritation des branches du nerf rachidien et plus spécifiquement du nerf sinu vertébral de LUSCHKA qui assure l’innervation sensitive des éléments du segment mobile intervertébral (ligament interépineux, articulaires postérieures et disque).Il ne survient pas chez n’importe qui ; il est sous tendu soit par la présence d’une lésion dégénérative, soit par un trouble morphostatique.

1- Les lésion dégénératives touchent les articulaires postérieures ou le plus souvent du moins en début d’évolution le disque inter vertébral:

a / Le disque intervertébral est constitué en son centre par le « nucléus pulposus » et en périphérie par les lames concentriques de «l’annulus fibrosus», limité de part et d’autre par le « cartilage hyalin » des plateaux vertébraux lequel évolue dans le temps avec une période de croissance, une phase de maturation et une phase de dégénérescence, laquelle s’accélère dans certaines circonstances devenant ainsi pathologique.

Ce vieillissement prématuré étant lié non pas à une déchirure de type ligamentaire annulaire comme on le pensait jusqu’aux années 80 mais à la fois :

- à une détérioration cartilagineuse, ce sont les fameux stades décrits par MODIC en 86 à l’IRM :

Modic 1 de DISCOPATHIE ACTIVE par remaniements oedémateux et inflammatoires avec hypersignal en T2 et hyposignal en T1

Modic 2 graisseux avec hypersignal en T2 et en T1.

- et à une détérioration discale par :

« apoptose » (mort cellulaire) des cellules discales qui n’ont pas ou peu la propriété de proliférer et par des phénomènes inflammatoires locaux qui font le lit et c’est un pré-requis de la hernie discale (HD).

La HD n’est donc plus un phénomène post traumatique mais un phénomène chimique principalement lié au stress mécanique qui entraîne une diminution de la synthèse des protéoglycanes ( protéines de la matrice discale) via l’activation de l’apoptosome mitochondrial (travaux de Benalloua), (alors qu’une contrainte légèrement supra physiologique produit l’effet inverse d’augmentation de la synthèses des protéines cellulaires discales et donc intérêt du réentraînement à l’effort).

b/ Les 2 Articulations vertébrales postérieures en arrière vont progressivement être gagnées par de l’arthrose vraie avec épanchement intra-articulaire, comme dans une articulation classique.


2 – Le trouble d’origine morphostatique, impacte une zone rachidienne ciblée et s’accompagne d’une hyper sollicitation des muscles paravertébraux courts pour maintenir la posture avec modification du modelage osseux et des processus d’ossification en période de croissance (cas des cyphoscolioses de l’enfant et de l’adolescent), ou accélération de la vitesse des réactions arthrogéniques chez l’adulte.

La biomécanique permet

- de comprendre le trouble morphostatique par la relation avec les données de la pelvimétrie décrite par Duval Beaupère avec les notions de pente sacrée et d’incidence pelvienne (angle morphologique stable de rapport entre pente sacrée et position des têtes fémorales)

- et d’en déduire que les possibilités d’équilibrage du bassin et donc d’adaptation aux contraintes axiales sont liées à la valeur de la pente sacrée elle-même déterminante de l’incidence pelvienne.

Les 4 types de dos

Les dos de type 1 et 2 avec pente sacrée inférieure à 35° et hypolordosés ont peu de possibilité de rétroversion du bassin et sont à fort potentiel de dégénérescence :

- Le type 1 présente une lordose hyper courte à sommet proche de L5/S1 et cyphose sus jacente longue compensatrice avec pour conséquences des discopathies dans la zone thoraco-lombaire,des glissements et du lysthésis dans la zone jonctionnelle entre cyphose et lordose, surtout en L5 par mécanisme de casse noisette lié à l’hyper extension L5/S1 entraînant une lyse isthmique mais également une dégénérescence rapide des articulaires postérieures lombaires basses (et un tableau clinique mixte de lombalgies d’origine haute avec point de crête et lombaire basse articulaire postérieur L5/S1).

-Le type 2, peu galbé, avec possibilité d’extension lombaire limitée compte tenu d’un arc postérieur développé et d’une pente sacrée faible est un dos très plat, hypolordosé et hypocyphosé avec peu de courbures, un développement excessif vertébral postérieur à la fois articulaire postérieur et des épineuses limitant les possibilités d’extension du dos et à fort risque de discopathies et de hernie discale médiane précoce (clinique de lombalgies à bascule) et évolution vers de la cyphose lombaire liée à ces discopathies sans possibilité de rétroversion du bassin compensatoire.

Le dos de type 3, normal, avec pente sacrée intermédiaire comprise entre 35 et 45° a une répartition harmonieuse des courbures sagittales. Il est le meilleur compromis pour absorber les contraintes et s’exprime par une lordose régulière avec un sommet en L4 et une bonne répartition des 3 courbures sagittales et n’a aucune tendance au vieillissement précoce.

Cliniquement le fil à plomb tendu à partir de l’épineuse de C7 ou de T1 passera au voisinage du bord postérieur du plateau sacré (il se projettera vers l’avant vers les têtes fémorales ou pire en avant des têtes fémorales en cas de rachis déséquilibré).

-Le dos de type 4 correspondant à de fortes pentes sacrées >45° et de petits arcs postérieurs sur le plan anatomique

Il impacte fortement les articulaires postérieures (syndrome d’hyperpression articulaire postérieure, arthrose douloureuse, lysthésis dégénératif et fermeture des foramen avec risque radiculaire :

- L’hyperlordose très prononçée tant au niveau de l’angle que du nombre de vertèbres incluses dans l’hyper lordose déborde sur le rachis thoracique inférieur.

- .Le spondylolisthésis dégénératif de L5 sur S1 avec spondylolyse s’associe à des discopathies lombaires basses sans hernie discale qui se latéralisent vers les foramen et évoluent à bas bruit et sont mal détectées :

l’IRM et le Scanner visualisent mal l’arthrose postérieure. La position couchée délordosante minimisant le contact postérieur, la fermeture des foramen et le lysthésis dégénératif.

Cliniquement cela se traduit par une radiculalgie en position debout (lié à la fermeture des foramen) et l’IRM ou le Scanner en position allongé ne visualisera pas de Hernie Discale.

Pour se résumer :

- -faible incidence = hypolordose= pathologie discale avec Protrusion ou Hernie Discale à l’imagerie

- forte incidence = hyperlordose= pathologie articulaire postérieure, contact interépineux , lysthésis, fermeture des foramen debout et radiculalgie sans Hernie Discale..

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Comment soigner le mal de dos en médecine Physique en 2011en tenant compte de la médecine par les preuves

Depuis les années 70/80 au Canada d’abord, s’est développé une médecine ne retenant que ce qui est « evidence » ; en clair ce qui est probant, ce qui a fait ses preuves, fondé à la fois sur l’expertise clinique individuelle du praticien qui est fonction de sa compétence propre, acquise par son expérience et sa pratique clinique(avec nécessité de faire évaluer régulièrement pour le praticien sa pratique professionnelle), mais aussi sur des données externes : celles entre autres de la littérature traitant du même problème médical.

Alors attention à ne pas tomber dans la tyrannie de la preuve basée uniquement sur les données externes et ne tenant aucun compte de la spécificité de l’individu avec en particulier les choix propres(préférences) du patient .

A partir du niveau de preuve scientifique fourni par la littérature : niveau 1(essais comparatifs randomisés surtout), 2,3 ou 4, on a émis des grades de recommandations : A : preuve scientifique établie, B : présomption scientifique, C : faible niveau de preuve.

Lorsqu’on passe au crible de l’évaluation, les différents traitements physiques de la lombalgie,la vérité nous oblige à dire que le niveau de preuve ne dépasse pas le niveau II et que les recommandations sont au plus de grade B.

Les recommandations diffèrent suivant que le mal de dos est soit aigu : lombalgie d’une durée inférieure à 3 mois, soit chronique : lombalgie évoluant défavorablement d’une durée supérieure à 3 mois.

Recommandations dans la lombalgie aigue : c’est le plus souvent le classique lumbago qui cède spontanément en 8 jours dans 70% des cas avec du repos relatif de quelques jours + des antalgiques classiques+des conseils ergonomiques.

La kinésithérapie et la physiothérapie (ultra sons, infra rouges, boue chaude) sont sans intérêt :

- Les exercices physiques = 0

- Les massages : effet antalgique et décontracturant à peine plus efficace que le placebo

- L’électrothérapie, = comme le placebo

- Les tractions vertébrales, froid = 0

- chaleur = effet de courte durée antalgique et décontracturant

Les contentions lombaires : intérêt si lombalgie post traumatique correspondant à une en torse vertébrale et dans le lumbago discal (impulsivité à la toux, perte de la lordose physiologique)

Les manipulations vertébrales = efficaces que l’origine soit

- articulaire postérieure (lombalgie basse d’origine haute de Robert Maigne)

- -ou discale et si pas de contre indication technique : 3 directions libres dans le schéma en étoile de Maigne et Lesage ; ne pas manipuler si radiculalgie associée ou si mise en tension douloureuse empêchant le thrust manipulatif.

Recommandations dans la lombalgie chronique

C’est essentiellement la gymnastique médicale intensive qui est recommandée: programme de restauration fonctionnelle du rachis( RFR) sur 6 semaines en moyenne avec prise en charge pluri disciplinaire par kinésithérapeutes, ergothérapeutes, moniteurs d’activité physiques adaptées, psychomotriciens, psychologues, diététiciens):

Programme du RFR=

- endurance générale

- endurance et force musculaire du tronc (muscles spinaux et abdominaux) et des quadriceps

- souplesse (étirements/stretching)sous pelvienne et des membres inférieurs

Association avec

- kiné balnéothérapie, travail de la propioceptivité avec placement du bassin

- école du dos : ergonomie rachidienne (éducation posturale : utilisation d’attitudes sans douleur), port de charge progressif et réentraînement professionnel.

Autres possibilités dans la lombalgie chronique :

- les manipulations vertébrales en cas de blocage itératifs

- les orthèses lombaires pour tester l’intérêt d’une chirurgie de stabilisation par arthrodèse lombaire

- les TENS (courants de basse fréquence auto administrés) : intérêt dans les douleurs neuropathiques

- les antalgiques antinociceptifs de classe 1, 2 ou 3 en fonction de l’intensité de la douleur à l’EVA ( echelle visuelle analogique)

- les antalgiques antineuropathiques : antidépresseurs lorsque la douleur est permanente, les antiépileptiques : gabapentine,lyrica dans les radiculalgies

- le tétrazepam sur 2 semaines

- les infiltrations de corticoïde : effet puissant à court terme

vendredi 4 novembre 2011

Prise en charge de la douleur chronique


PRISE EN CHARGE DE LA DOULEUR CHRONIQUE DANS UN SERVICE DE MEDECINE PHYSIQUE ET DE READAPTATION


La prise en charge d'une douleur chronique, si elle s'avère rebelle, peut relever d' un centre anti douleur ou de préférence d'un service de Médecine physique, ou certains types de douleurs comme les lombalgies et les lombosciatiques chroniques, la fibromyalgie, trouvent très souvent une issue favorable.


Historique

La prise en charge de la douleur chronique est perçue de façon différente selon les époques et les sociétés et combattue de manières diverses: Peyolt au temps des incas, Opium au Moyen-Orient, acupuncture en Chine, strangulation spontanée en Assyrie et « garotillo » en Espagne pour les maux de dents.

Douleurs rédemptrices dans les civilisations chrétiennes, tandis que la lutte contre la douleur était considérée comme un véritable sacrilège.


Définition par l'Association Internationale de Lutte contre la Douleur

La douleur est une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable, associée à une lésion tissulaire réelle ou potentielle ou décrite dans des termes évoquant une telle lésion.


Bases physiologiques de la douleur

La connaissance du circuit de la douleur et des différentes modulations à la hausse ou à la baisse, a permis les avancées thérapeutiques actuelles et a validé l'ensemble des techniques de Médecine physique et de réadaptation que l'on utilise dans un service de rééducation avec un niveau de preuve de grade B.

Le circuit de la douleur comporte trois étapes

1ère étape périphérique tissulaire: élaboration au niveau des différents tissus à partir de récepteurs à la douleur spécifiques appelés nocicepteurs, les uns ayant des terminaisons libres sans myéline, les autres étant partiellement myélinisés.

A partir de ces nocicepteurs, la transmission va se faire par deux types de fibres de petit calibre: les fibres C sans myéline pour la douleur lente, les fibres A delta pour la douleur rapide.

Les deux types de nocicepteurs sont stimulés par une lésion tissulaire qui libère des médiateurs algogènes : prostaglandine, histamine, etc" qu'on appelle soupe inflammatoire.

2ème étape médullaire de convergence. Au niveau de la substance grise de la corne postérieure de la moelle épinière, les deux types de fibres de petit calibre véhiculant la douleur, ainsi que les fibres de gros calibre véhiculant la sensibilité discriminative et la sensibilité profonde proprioceptive (celle des articulations, des muscles et des tendons) et celle de la sensibilité viscérale vont converger dans des zones très voisines.

3ème étape corticale d'intégration duale. Après avoir convergé au niveau de la corne postérieure de la moelle épinière, les différentes fibres véhiculant la douleur et les autres types de sensibilité vont diverger pour regagner le thalamus et se projeter dans le cortex sensitif du lobe pariétal pour les fibres A véhiculant la douleur rapide et pour les fibres de la sensibilité profonde proprioceptive et viscérale.

L'autre type de fibre véhiculant la douleur, les fibres C, vont se projeter différemment à partir du thalamus vers le système limbique, situé à la base du cerveau, autour du thalamus. C'est le circuit des émotions qui sont des réactions immédiates plus ou moins positives et capables de contrôle. Emotions positives quand il s'agit de plaisir, émotions négatives quand il s'agit d'agressivité ou de peur.Ce système limbique comprend aussi le circuit de la mémoire et celui de l'olfaction. Il est en relation également avec le système endocrine hypothalamo-hypophysaire.

Au total, la douleur va être intégrée au niveau du cortex cérébral de manière duale:

- une composante sensori-discriminative qui se projette sur le cortex pariétal pour la douleur rapide et discriminative suivant une topographie imparfaite, dans la mesure où le tissu cutané est parfaitement bien représenté au niveau cortical . Tandis que les autres tissus (musculaire, articulaire et tendineux) sont eux assez mal représentés alors que les viscères n'ont aucun type de représentation. Ces douleurs tissulaires autres que d'origine cutanées, s'exprimeront en particulier dans un territoire cutané périphérique (dermatome) à distance de la lésion et sous la forme clinique de cellulalgies que l'on mettra en évidence par la technique du pincé-roulé.

L'autre composante limbique et préfrontale est responsable de l'intégration émotionnelle avec mémorisation et possibilité d’adaptation comportementale en fonction du vécu du sujet ou du contexte environnemental (cela explique l'héroïsme des blessés de guerre, capables de sublimer leurs douleurs et d'accomplir des actes de bravoure incroyables).

La modulation de la douleur

La modulation est la faculté qu'a l'organisme d'exacerber ou d'atténuer le phénomène douloureux. Cette modulation peut s'exercer aux trois étapes du circuit de la douleur:

- d’abord au niveau périphérique de la soupe inflammatoire tissulaire avec action favorable thérapeutique des anti-inflammatoires non stéroidiens (AINS), des infiltrations de corticoïde, de l'application de glace (cryothérapie). mais si on laisse l'inflammation s’installer durablement au niveau tissulaire, il va y avoir apparition de phénomènes d’hyperalgésie, d'allodynies, d'inflammation neurogène très caractéristiques de la douleur chronique que l'on peut améliorer par la mésothérapie ou les infiltrations locales de Xylocaïne.

- modulation médullaire. Au niveau de la corne dorsale de la moelle épinière, par où converge la totalité des fibres de la sensibilité, on peut bloquer la transmission douloureuse par la stimulation des fibres de gros calibre alpha par des courants électriques (TENS): cette neurostimulation alpha est très utilisée par les kinésithérapeutes pour atténuer les phénomènes douloureux, surtout dans les douleurs de type neuropathique.

Les massages, les manipulations vertébrales et l'activité physique en général ont également une action très favorable par stimulation des grosses fibres alpha qui vont bloquer également la douleur au niveau médullaire.


-Autre type de modulation médullaire : au niveau de la corne dorsale, il existe des récepteurs sensibles aux Opioïdes où se fixeront les antalgiques de niveau 2 (codéine, tramadol) et 3 (morphiniques) ainsi gue les endorphines libérées par l'effort et produites par le système nerveux central.
Inversement, il existe un système anti-opioïde qui va rendre inefficaces les antalgiques de niveau 2 et 3. Les systèmes anti-opioïdes sont activés en cas d'abus de morphinique ou dans les douleurs neuropathiques (inefficacité des antalgiques classiques dans ce type de douleur), la modulation s'exerçant à partir du tronc cérébral et du cortex frontal.

Le tronc cérébral est la partie du système nerveux située entre la moelle et le cortex cérébral. Il comprend de bas en haut: le bulbe rachidien qui fait suite à la moelle épinière, le pont de Varole et le mésencéphale ou pédoncule cérébral. Au sein de ce tronc cérébral, il existe des formations nerveuses, comme la substance réticulée qui intervient dans la vigilance, d'où vont partir des fibres descendantes dont les médiateurs chimiques sont la noradrénaline et la sérotonine qui vont impacter la corne dorsale de la

moelle épinière, modulant la douleur dans le sens favorable. Cela explique en thérapeutique, l'action des antidépresseurs tricycliques (Laroxyl, Anafranil) qui, par l’intermédiaire de la noradrénaline et de la sérotonine, vont traiter les douleurs de type neuropathique. Les tricycliques sont des médicaments que l'on utilise habituellement dans la dépression.



Formes cliniques de la douleur

1- Douleur aigüe et douleur chronique

La douleur aigüe, inférieure à 3 mois est la douleur immédiate qui survient après une contusion tissulaire dont le traitement, s'il est bien conduit, doit aboutir à la guérison de la lésion tissulaire sans laisser de trace.

Si l'inflammation tissulaire persiste au-delà de trois mois, elle devient chronique avec apparition au niveau tissulaire de phénomènes d'inflammation neurogènes, d'hyperalgésie, d'allodynies, de douleur spontanées qui vont être plus difficiles à traiter.
Cette douleur chronique va retentir sur le vécu quotidien au niveau de l'appétit, du sommeil, de l'affectivité, sur le plan socioprofessionnel et familial. Elle va devenir alors la préoccupation dominante de l'individu. Et plus rien ne comptera pour lui, que sa douleur.

2-Les douleurs par excès de nociception

Surviennent en cas de stimulus nociceptif prolongé ou de réaction inflammatoire.

3-Les douleurs neuropathiques

Elles sont dues à des lésions du tissu nerveux et sont mises en évidence par le questionnaire DN4.

4- Autres types de douleurs

- Les douleurs par irritation du système sympathique comme par exemple l'algodystrophie, la causalgie des moignons d'amputation

- La douleur psychogène par désordre émotionnel sévère

- la douleur sine materia (sans matière et encore mal connue mais bien réelle) comme la fibromyalgie.

Pour les médecins, le plus important est de savoir différencier une douleur commune de type mécanique qui est influencée par l'effort et calmée par le repos et qui correspond à la majorité des phénomènes douloureux, des douleurs symptomatiques d'affections organiques comme les cancers, les infections, les inflammations . Elles sont non influencées par le mouvement, volontiers nocturnes et il s'y associe des signes généraux comme la fièvre, l'amaigrissement, l'anorexie, la fatigue.
Elles s'accompagnent de stigmates biologiques avec hausse de la VS et de la CRP.

Enfin, les douleurs projetées(ressenties à distance de la lésion) sont des pièges diagnostiques pour les médecins, dons la mesure où, nous l'avons vu, la somatotopie sensitive (représentation topographique de la douleur) n'est vraiment discriminante que pour le tissu cutané au niveau des dermatomes.


Les échelles de la douleur


Il existe deux types d'échelle de la douleur :

Les échelles unidimensionnelles qui mesurent l'intensité, la plus connue est l'EVA, utilisable à partir de 5 ans mais aussi l'échelle numérique et l'échelle verbale simple quantifiée par des adjectifs : douleur absente, faible, modérée, intense, très intense. Attention à ne pas se faire piéger par les pics douloureux journaliers qui faussent la cotation de la douleur. L'objectif du traitement est de ramener la douleur à un niveau inférieur à 4, qu'un traitement antalgique simple de pallier 1 pourra parfaitement contrôler.

Les échelles multidimensionnelles sont beaucoup plus complètes et prennent en compte la répercussion sur le plan affectif , sensoriel, dans les actes de la vie quotidienne et le milieu socio-professionnel. La plus connue est le Questionnaire de St Antoine. Dans les services MPR, pour les lombalgies chroniques, on utilise les échelles de Québec et le DAQ (Doléances Au Quotidien). Un autre type d'échelle, le questionnaire DN4, est très utilisé, pour la détection des douleurs neuropathiques.


Moyens antalgiques médicamenteux


1-Pyramide de l'antalgie antinociceptive :

- Pallier 1: douleurs légères à modérées, EVA inférieure ou égale à 4.

On utilise le plus souvent le Paracétamol à la dose de lg / 4 fois par jour chez l'adulte ou les AINS qui ont leur toxicité propre.

- Pallier 2: douleurs modérées à sévères avec EVA comprise entre 4 et 7.On donne des Opioïdes faibles 2A représentés par la seule Codéine. Les Opioïdes moyens 2B sont représentés par le Tramadol qui peut être associé au Paracétamol.

- Pallier 3: douleurs sévères à intenses supérieures ou égales à 8.

On utilise les Morphiniques ou Opioïdes forts qui ont de nombreux effets secondaires: accoutumance, constipation, dépression respiratoire, somnolence, bouche sèche, confusion mentale, nausées, vomissements.


2-Médicaments antineuropathiques

Dans la douleur neuropathique, on utilise soit les antidépresseurs tricycliques comme l'Anafranil et le Laroxyl à doses progressives et à moitié des doses antidépressives. On utilise également les anticonvulsivants comme le Neurontin (gabapentine) et le Lyrica à doses progressivement croissantes et quelquefois le Rivotril par son action complémentaire sur le sommeil.



Place de la Médecine physique (MPR) avec ses différents moyens spécifiques dans la prise en charge de la douleur chronique

Dans un service MPR, tous les acteurs de santé interviennent dans la prise en charge de la douleur chronique :

- les médecins pour le diagnostic de la forme clinique de la douleur et son traitement médicamenteux et également dons la coordination de l'équipe pluridisciplinaire.

- Les IDE et les aides-soignantes pour les soins au quotidien, l'hygiène du corps, etc...

- Les kinésithérapeutes par les agents physiques : thermiques (chaud et froid), Tens, électrothérapie, les massages, la balnéothérapie, les mobilisations, le renforcement musculaire.

- Les ergothérapeutes par les orthèses d'immobilisation , l'ergonomie rachidienne au sein des écoles du dos, la réadaptation professionnelle avec le port de charge progressif.

- Les moniteurs des Activités Physiques Adaptées pour le reconditionnement à l'effort central et périphérique( Restauration fonctionnelle du rachis).

- Les psychomotriciens pour la proprioception, le schéma corporel, la coordination etc..

- Les psychologues sur la composante émotionnelle.

- Le service social sur le retentissement socio-professionnel.

jeudi 3 novembre 2011

Traumatologie des activités physiques et sportives

TRAUMATOLOGIE DES ACTIVITES PHYSIQUES ET SPORTIVES

GENERALITES

La pratique d’une activité physique est essentielle à la santé.

De nos jours, elle est devenue un fait de société que chacun peut constater facilement
en parcourant nos villes et nos campagnes pour s’apercevoir qu’un grand nombre de nos contemporains de tous âges et des deux sexes s’adonnent de plus en plus régulièrement à la pratique d’activités de plein air comme le vélo et la course à pieds ou à des activités en salle de type musculation ou cardio-training et ce, à un niveau de performance de plus en plus élevé.

Outre ces activités de loisirs, les adeptes des sports collectifs voient leur nombre sans cesse croître, boostés par les bons résultats d’ensemble de nos équipes nationales: rugby, handball, basket-ball, mais également pratiquant des activités individuelles comme l’athlétisme, le tennis, les sports de combat dont le judo et la boxe, le golf et le ski (ce dernier grand pourvoyeur d’entorse grave du genou que l’on estime environ à 20 000 par an avec une proportion de femmes statistiquement supérieure à celle des hommes).

La traumatologie des activités physiques intéresse la totalité des structures liées au mouvement et donc tout l’appareil locomoteur: aussi bien le squelette osseux que les articulations, les tendons ou les muscles ; une de ses caractéristiques est la grande variété de cette pathologie qui n’est plus l’apanage du sportif de compétition, mais qui concerne le plus souvent les activités physiques de loisirs avec des niveaux de pratique de plus en plus élevés.

Cette pratique intensive favorise les lésions d’hyper utilisation par répétition exagérée d’un même geste exécuté de manière violente sur des structures de plus en plus vieillissantes dont les capacités d’adaptation ne sont plus aussi performantes, aboutissant à des lésions de surcharge comme les tendinopathies et les fractures de fatigue.

Lorsque les lésions liées à la pratique des activités physiques portent sur les articulations, c’est le genou ménisco-ligamentaire qui vient au premier rang.

En matière de lésion tendineuse, les plus fréquentes sont celles des tendons de la coiffe des rotateurs de l’épaule et celles du tendon d’Achille. A un degré moindre, on retrouve les tendinopathies des tendons épichondyliens du coude et des tendons du poignet dans les sports de raquette (tennis, golf).

En ce qui concerne les lésions musculaires, les muscles du membre inférieur sont les plus exposés : droit antérieur du quadriceps, muscles adducteurs et ischiojambiers de la cuisse et jumeau interne du mollet.

Pour faire face à cette augmentation considérable des lésions traumatiques chez les sportifs, le corps médical s’est organisé.

Les médecins généralistes, dont beaucoup d’entre eux sont des pratiquants réguliers d’activités physiques, se sont formés à la prise en charge de base d’une majorité de lésions traumatiques, bien aidés par les kinésithérapeutes de ville.

A un stade au-dessus, les facultés de médecine ont formé des médecins du sport capables de prendre en charge de manière spécifique la diversité de la pathologie sportive.

Quant aux sportifs de haut niveau, ils disposent le plus souvent au sein de leur fédération de personnel médical hautement qualifié et de structures d’une exceptionnelle qualité, qu’elles soient hospitalières ou privées comme le sont les services de chirurgie orthopédique et de traumatologie du sport de l’Hôpital Foch de Suresnes, pionniers avec le Pr KOUVALCHOUK en matière de prise en charge des sportifs, et celui de la Pitié Salpétrière de l’assistance publique des Hôpitaux de Paris et bien d’autres que je m’excuse de ne pas citer.

En général au sein de chaque Centre hospitalier universitaire régional, il existe des unités qui prennent en charge les accidentés du sport et disposent de tous les moyens nécessaires, humains et matériels (échographie, scanner, IRM) pour une prise en charge optimale.

A souligner également que dans la plupart des Universités médicales, il existe un enseignement spécifique et de qualité de la traumatologie sportive avec délivrance de diplômes universitaires ou inter-universitaires dont l’un des plus fameux est celui de Paris VI, Pitié Salpétrière, dont la réputation a dépassé largement nos frontières.

A signaler également l’existence de la Société française de traumatologie du sport dont les membres excellent dans la prise en charge des traumatismes sportifs.

A ce propos, dans la prise en charge médicale d’un traumatisme sportif, la règle des 3M de la Pitié Salpétrière vaut la peine d’être rappelée : quel malade ? quel mécanisme lésionnel ? quel médecin est le plus à même de prendre en charge de manière optimale le sportif traumatisé ?

Quel malade ? il est certain que la prise en charge d’un traumatisé du sport sera différente suivant que l’on à affaire à un enfant, un adulte jeune, un vétéran particulièrement actif, une personne du sexe féminin avec les priorités qui sont les siennes, un sportif du dimanche ou un athlète de haut niveau dont la pratique de son sport est souvent la raison d’être.

Quel mécanisme lésionnel ? c’est une étape essentielle qui va conduire le médecin sur la piste lésionnelle la plus vraisemblable, soit parce que la lésion est liée à un traumatisme unique et violent dont les signes immédiats et l’évolution à court terme vont faire envisager tel ou tel diagnostic, soit qu’il s’agisse d’une lésion de sur-utilisation par répétition d’un même geste qui aboutit à une lésion micro-traumatique à expression douloureuse. Il appartiendra au clinicien de retrouver la structure qui souffre à travers l’étude du geste professionnel ou sportif à l’origine du conflit.

Quel médecin doit intervenir ? cela va dépendre bien sûr de ce qui a été dit précédemment, à savoir quel malade, quelle maladie et donc quelle lésion, quel est le médecin le plus adapté qui conservera jusqu’à son terme la conduite du traitement pour un dénouement satisfaisant : soit le médecin généraliste, soit le médecin du sport, soit le médecin de rééducation ou soit le chirurgien spécialisé à qui incombera par ailleurs le choix en fonction de la lésion suspectée et en cas de négativité ou d’insuffisance de l’imagerie de premier recours et uniquement si une amélioration par une thérapeutique spécifique est envisageable, de prescrire l’imagerie complémentaire de second niveau qui emportera la certitude du diagnostic: scanner, arthrographie, électromyogramme, arthroscanner, IRM, arthro-IRM qui sera le plus directement utile pour résoudre le problème thérapeutique présenté par le patient traumatisé.

Une enquête épidémiologique nationale sur les traumatismes liés à la pratique sportive sur plus de 7000 dossiers a permis de dégager un sujet à risques : « homme jeune, âgé de 15 à 24 ans, qui pratique des sports collectifs ou de loisirs ».

Dans cette enquête, les lésions traumatiques, les plus fréquentes sont :

- les entorses : 25%,

- les lésions musculaires (contusions, contractures, élongations, déchirures) : 23%

- les tendinopathies : 22%.

- Les fractures quant à elles représentent 5% de l’ensemble des traumatismes.

- Les luxations, en nombre, peu fréquentes: restent des « urgences chirurgicales » avec dégâts capsulo-ligamentaires importants et complications vasculo-nerveuses potentielles.

En ce qui concerne l’étiopathogénie des traumatismes sportifs, les principales causes sont :

- la technique gestuelle imparfaite,

- la surcharge de travail,

- la surface de jeu,

- le matériel,

- l’échauffement,

- la préparation physique.

Enfin sur la plan topographique :

- 50% des traumatismes touchent le membre inférieur,

- 22% le membre supérieur,

- 14% la colonne vertébrale.

Dans des documents édités par la CNAM des travailleurs salariés, les accidents liés à la pratique sportive ne représentent que 14% de l’ensemble de la traumatologie, la majorité, soient 61%, sont des accidents de la vie domestique. La lésion la plus fréquente étant l’entorse de cheville. Et à ce propos, un consensus médical a permis d’édicter un certain nombre de règles : les règles d’OTTAWA, qui, si elles sont appliquées, évitent la prescription de radiographies, parfaitement inutiles sur des lésions le plus souvent bénignes (simple foulure).

LES DIFFERENTES LESIONS TRAUMATIQUES

Une bonne compréhension des différentes lésions traumatiques des sportifs, suppose un préalable d’importance, celui d’une bonne connaissance de l’ANATOMIE .

1 les fractures

a) Généralités sur les fractures

Elles représentent, nous l’avons vu, 5% de la traumatologie chez le sportif.

Une fracture est une rupture dans la continuité d’un os, avec impossibilité plus ou moins absolue d’utiliser le segment squelettique intéressé.

Lorsqu’elles intéressent un os long, par exemple l’humérus, on distingue différentes variétés topographiques : les fractures diaphysaires qui interrompent l’os long à sa partie moyenne ; les fractures épiphysaires qui siègent à l’une des extrémités de l’os long, ce sont donc des fractures articulaires ; les fractures dia-épiphysaires qui siègent à l’union de la diaphyse et d’une épiphyse correspondant chez l’enfant au décollement épiphysaire. Enfin, les fractures apophysaires qui détachent une saillie osseuse, siège d’une insertion musculaire dans le cas de l’humérus, fracture du trochiter ou du trochin par exemple.

On peut également classer les fractures suivant le déplacement : fractures avec déplacement et fractures sans déplacement dite engrainées dont le diagnostic clinique est difficile et nécessite le recours aux radiographies.

On distingue également les fractures totales ou complètes que l’on oppose aux fractures incomplètes ou partielles qui, elles, ne traversent pas l’os de part en part comme par exemple la fracture en bois vert chez l’enfant qui rappelle la manière dont se rompent les branches nouvelles au printemps ( à l’inverse, l’os de la personne âgée, casse comme du bois sec)

Dans une fracture en bois vert, une seule corticale se romp, celle de la convexité, tandis que celle de la concavité résiste et plie. L’étui périosté résiste : la fracture en bois vert de l’enfant est donc une fracture sous-périostée.

Au voisinage des épiphyses, il existe des fractures tassement caractérisées par l’écrasement des travées osseuses qui sont parfois difficiles à reconnaître même à la radiographie (fracture métaphysaire en motte de beurre de l’enfant).

Enfin une fracture est dite fermée lorsque la peau est intacte et ouverte quand la fracture communique avec l’extérieur à travers une plaie des parties molles des téguments.

Le mécanisme lésionnel des fractures correspond :

C soit à un mécanisme direct :

¬ l’agent traumatisant vient frapper l’os qui cède au point d’impact,

C soit à un mécanisme indirect :

¬ par compression axiale : c’est le cas souvent des fractures des os courts : corps vertébraux, os du carpe ou du tarse, ou fracture parcellaire des massifs épiphysaires des os longs,

¬ par élongation liée en général à une contraction musculaire violente, par exemple rupture de la styloïde du 5ème métatarsien (contraction violente du muscle court péronier latéral). Ici le tendon résiste mais arrache sa zone d’insertion,

¬ par torsion avec rotation axiale d’une extrémité d’un os long par rapport à un autre comme on l’a pu voir longtemps dans les accidents de ski où le corps tout entier pivotait autour d’une jambe immobilisée par le ski et sa chaussure.

Il existe également des fractures liées à des contraintes répétées par surutilisation que l’on appelle fractures de fatigue qui se rencontrent chez les sportifs d’endurance ou chez les militaires (fractures de la base du 2ème, 3ème ou 4ème métatarsien).

Enfin il existe des fractures pathologiques dites spontanées qui surviennent sur un os fragile dit «pathologique» pour un traumatisme minime voire sans aucun traumatisme comme dans les fractures de l’ostéoporose (poignet, col du fémur, vertèbres, après traitement cortisonique prolongé).

En matière de fracture, l’examen radiographique est indispensable au diagnostic.

Dans certains cas, il faut savoir demander des incidences spéciales comme par exemple dans les fractures du scaphoïde du poignet ou des clichés retardés par rapport au traumatisme, certaines fractures ne se révélant qu’au bout de quelques jours.

b) Evolution des fractures.

Correctement réduite et contenue, une fracture consolide par formation d’un cal osseux, après quoi va commencer la phase de récupération fonctionnelle.

La contention est aisée dans la fracture transversale et peu déplacée ; alors un simple plâtre est suffisant, avec surveillance radiographique et clinique afin de dépister tout déplacement secondaire.

Inversement, bon nombre de fractures sont d’emblée instables et leur contention va nécessiter d’autres moyens que le plâtre :

¬ soit par extension continue en prenant appui sur des branches trans-osseuses,

¬ soit par fixateur externe en prenant appui sur des séries de fiches,

¬ soit ostéosynthèse par une vis, une plaque ou un clou centro-médullaire.

La plupart des fractures consolident au bout de deux à quatre mois suivant leur localisation. Les critères de consolidation étant avant tout cliniques avec disparition de toute mobilité anormale, et radiologiques, dont les critères de consolidation sont souvent en retard par rapport aux critères cliniques.

Dans un certain nombre de cas, l’évolution des fractures peut être défavorable avec :

¬ soit un retard de consolidation lorsque le foyer de fracture est encore le siège d’une mobilité anormale au delà des délais habituels.

¬ Soit une pseudarthrose qui correspond à l’absence définitive de consolidation aboutissant à la création d’une fausse articulation, siège d’une mobilité plus ou moins importante. Cela va de la pseudarthrose complète, siège d’une hypermobilité, à la pseudarthrose fibreuse serrée où la mobilité anormale est plus difficile à mettre en évidence.

Il existe des facteurs favorisant ces problèmes de consolidation :

¬ Ce peut être des facteurs généraux avec en particulier certains troubles endocriniens ou liés à l’âge avec une rapidité de consolidation moindre chez les personnes âgées. Les facteurs locaux ont une plus grande importance, en particulier dans les fractures de jambe lorsque le trait de fracture siège à l’union tiers moyen/tiers inférieur du tibia ou suivant le type de fracture (fracture multifragmentaire ou comminutive, fracture à double étage).

¬ La fracture ouverte, en favorisant l’infection du foyer, est également un facteur favorisant.

¬ Enfin il existe des facteurs iatrogéniques liés à des erreurs du thérapeute par insuffisance de réduction, par interposition musculaire dans le foyer de fracture ou par traction maintenue trop longtemps ; mais aussi par insuffisance d’immobilisation, par ablation prématurée de l’appareil de contention et également par ostéosynthèse imparfaite.

¬ Certains types de fractures sont exposés à une complication particulière : la nécrose ischémique. Il s’agit d’un fragment osseux qui ne reçoit plus son apport artériel, interrompu du fait du traumatisme. Il va alors mourir sur place et se comporter comme un corps étranger en empêchant la consolidation. Cette nécrose ischémique s’observe surtout lors des fractures épiphysaires du col du fémur dans les fractures des os courts (scaphoïde et semi-lunaire du poignet), dans certains fractures diaphysaires à double étage où le fragment intermédiaire est mal nourri. Radiologiquement, le fragment nécrosé apparaît plus dense et plus opaque que l’os avoisinant.

¬ Enfin le cal vicieux, correspond à une fracture ayant consolidé en mauvaise position souvent par défaut de réduction ou par déplacement secondaire sous plâtre.

c) fractures très souvent rencontrées en milieu sportif

Pour le membre supérieur on retrouve le plus souvent :

- des fractures de la clavicule (vélo, cheval, moto, judo, rugby, football) par choc direct sur moignon de l’épaule ou mécanisme indirect secondaire à une chute.

- des fractures isolées du trochiter de l’humérus par chute directe sur le moignon de l’épaule

- des fractures du scaphoïde et ses pièges diagnostiques par chute sur le talon de la main.

- des fractures de l’apophyse unciforme de l’os crochu du poignet, également piège diagnostique chez les golfeurs au niveau de la main gauche, chez les joueurs de base ball ou de squash par microtraumatismes répétés ou choc unique et violent sur le manche de la raquette ; chez les volleyeurs, les rugbymen par chute sur la main.

- Pour le bassin on retrouve des arrachements osseux chez les jeunes sportifs pratiquant l’athlétisme, le patinage artistique, le football, la natation, parce que les apophyses ne sont pas encore soudées au bassin et constituent un point faible dans la chaîne muscle-tendon-os.

Le mécanisme lésionnel est celui d’un effort violent qui concerne un muscle polyarticulaire qui se contracte de manière asynchrone avec le muscle antagoniste: couturier et facia lata arrachent l’épine iliaque antéro supérieure, le tendon direct du droit antérieur emporte l’épine iliaque antéro inférieure, les ischio jambiers fracturent la tubérosité ischiatique.

- Pour le rachis il existe une variété de fractures de fatigue de l’enfant hyperactif, c’est la spondylolyse de l’isthme vertébral de L5 surtout ou de L4 qui touche 7% de la population générale en particulier masculine et qui s’accompagne d’un glissement vers l’avant du corps vertébral et de l’arc vertébral postérieur et donc la traduction clinique est une lombalgie voire une radiculalgie sciatique. Ce pourcentage passe à 20% dans les sports «lordosants»: gymnastique, judo, haltérophilie, saut en hauteur, triple saut.

- Pour le membre inférieur, on rencontre :

- des fractures de fatigue sur le tibia, les os du pied dont les métatarsiens

- des fractures du calcanéum graves fonctionnellement et qui laissent des séquelles à type d’enraidissement du coup de pied ; après chute violente sur les talons: escalade, deltaplane, parapente.

- des fractures du scaphoïde tarsien, le plus souvent parcellaires et potentiellement dangereuses pour la marche, la course à pied et les sauts.

- des fractures de la base du 5ème métatarse emportée par une contraction violente du puissant muscle court péronier latéral, muscle éverseur du pied.

- des fractures de la malléole latérale, isolées par choc direct, ou plus souvent par mécanisme indirect avec lésions associées de l’autre malléole ou des ligaments de la cheville et du pied.

Importance ici de l’application des règles d’OTTAWA.

Règles d’OTTAWA :

Une application stricte de ces règles, permet d’exclure une fracture de cheville ou du moyen pied et en corollaire, de ne pas demander un examen radiologique dont le coût financier est énorme en France (1,3 Million d’euros par jour pour 6000 entorses par jour).

Devant un traumatisme de la cheville, on demande des radiographies si

- âge inférieur à 16 ans et supérieur à 55 ans

- impossibilité d’effectuer 4 pas de suite lors de la survenue du traumatisme ou lors de l’examen clinique

- douleur exquise à la palpation sur 6 cm du bord postérieur des 2 malléoles

- douleur exquise à la palpation de la base du 5ème métatarsien sur le bord latéral du pied

- douleur exquise à la palpation du scaphoïde tarsien sur le bord médial du pied

- douleur exquise à la palpation de la partie supérieure du péroné

2 Les luxations

Une luxation est une perte permanente des rapports normaux des surfaces articulaires, en un mot, cela correspond au déboîtement de l’articulation.

Ce déboîtement peut être complet lorsque les surfaces ont perdu tout contact entre elles ou incomplet quand il s’agit d’une subluxation, lorsque les extrémités articulaires restent en contact par une partie de leur surface. Les luxations s’accompagnent le plus souvent de dégâts capsulo-ligamentaires.

Le diagnostic clinique est souvent facile devant une déformation caractéristique qui est bien visible lorsque les articulations sont superficielles comme celle de l’épaule et du genou. Devant toute luxation, il faut rechercher systématiquement et immédiatement une complication nerveuse ou vasculaire. La radiographie est également indispensable: elle confirme le diagnostic et élimine certains diagnostics différentiels (entorse ou fracture articulaire isolée). La radiographie permet aussi de reconnaître des fractures associées aux luxations.

Ces luxations doivent être traitées en urgence et réduites le plus souvent sous anesthésie générale qui permet seule un relâchement musculaire complet. La réduction doit être contrôlée par des radiographies. L’immobilisation doit être suffisamment longue pour permettre la cicatrisation capsulo-ligamentaire. La rééducation est souvent indispensable si l’on veut avoir les meilleures chances de récupération totale.

Malgré tout, certaines articulations restent instables et évoluent vers la luxation récidivante (épaule, articulation fémoro-patellaire, articulation temporo-maxillaire). La fréquence des récidives pour des traumatismes de plus en plus minimes obligent le plus souvent à une stabilisation chirurgicale.

ƒ Les entorses

Une entorse est une lésion capsulo-ligamentaire produite par un traumatisme articulaire n’ayant pas abouti à une luxation.

Il n’y a donc pas de perte permanente de contact des surfaces articulaires.

On distingue les entorses graves qui correspondent à la rupture d’un ou plusieurs ligaments qui va compromettre la stabilité de l’articulation.

Les entorses bénignes correspondent à des ligaments qui ne sont pas rompus mais seulement étirés et détendus, ce qui ne compromet pas définitivement la stabilité articulaire.

Certaines articulations sont particulièrement exposées aux entorses: genou, cheville (règles d’OTTAWA), acromio-claviculaire, coude, poignet, articulations des doigts, rachis.

Certains ligaments sont particulièrement touchés: ligament latéral interne du genou, faisceau antérieur du ligament latéral externe de la cheville, faisceau moyen du ligament latéral interne du coude.

Le mécanisme lésionnel d’une entorse correspond le plus souvent à un mouvement forcé qui va mettre sous tension exagérée un ligament ou un groupe ligamentaire. Le ligament résiste mais subit néanmoins une élongation avec perte de son élasticité, voire rupture partielle lors de l’entorse bénigne. Lorsque le ligament cède, c’est l’entorse grave avec soit rupture complète, franche ou irrégulière, soit désinsertion au ras de l’os, soit arrachement de l’insertion osseuse.

La capsule elle-même est souvent déchirée ainsi que la synoviale d’où hématome intra-articulaire, s’il n’y a pas de brèche capsulaire ; apparition d’une ecchymose, lorsqu’il y a brèche capsulaire. Une réaction vasomotrice est à l’origine de l’œdème péri-articulaire, de l’épanchement séro-hématique intra-articulaire.

Les tendinopathies

Sur le plan anatomique, le tendon est la portion fibreuse qui relie un muscle à l’os.

Il est le plus souvent contenu dans une gaine au sein de laquelle il glisse, glissement favorisé par un liquide lubrifiant secrété par la gaine et appelé synovie.

Etymologiquement, une tendinite correspond à une inflammation du tendon.

Si la gaine du tendon est touchée, on parle alors de ténosynovite, ce qui signifie que le terme de tendinite est impropre: il vaut mieux dès lors parler de tendinopathie. Ces dernières font partie des troubles musculo-squelettiques.

Nous avons vu que les tendinopathies sont très fréquentes en pathologie sportive et touchent préférentiellement les tendons de la coiffe de rotateurs de l’épaule, les tendons épichondyliens latéraux du coude, les tendons du poignet, le tendon rotulien et quadricipital du genou et le tendon d’Achille au niveau de la cheville.

Le plus souvent, les tendinopathies sont liées, en particulier chez les sportifs, à la répétition d’efforts. Ce sont donc des lésions de surutilisation. A noter que certains médicaments (les Fluoroquinolones) sont aussi de grands pourvoyeurs de tendinopathie.

Leur diagnostic est essentiellement clinique, ce sont, à l’interrogatoire, les fameux stades de Blazina :

¬ stade 1 : douleur après l’effort,

¬ stade 2 : douleur en fin d’effort,

¬ stade 3 : douleur permanente pendant et après l’effort,

¬ stade 4 : rupture.

et à l’évaluation clinique, c’est la classique triade symptomatique: douleur à la contraction résistée, à l’étirement, à la palpation du tendon.

Lorsque la tendinopathie est évoluée, il est classique de demander des examens complémentaires : d’abord des radiographies qui peuvent mettre en évidence des calcifications quand elles existent ou montrer des signes indirects de rupture partielle ou totale des tendons.

Les radiographies sont habituellement complétées par un examen échographique qui, entre des mains entraînées, objective parfaitement la lésion tendineuse.

Le recours à l’IRM ne s’impose que si la lésion tendineuse relève de la chirurgie (et dans ce cas, c’est au chirurgien à en poser l’indication et non pas au médecin comme préconisé par la règle des 3M).

Sur le plan thérapeutique, ce sont des lésions difficiles à soigner. les thérapeutiques les plus utilisées sont les anti-inflammatoires locaux et par voie générale, les antalgiques, les infiltrations cortisoniques, la kinésithérapie (massages transverses profonds, différentes techniques d’étirement et de stretching, renforcement excentrique de STANISH, la cryothérapie par refroidissement, l’électrothérapie, les ultra-sons, les contentions).

Le meilleur des traitements des tendinopathies reste le repos toujours indispensable que l’on peut compléter par la pose d’une orthèse de contention.

Dans des cas particulièrement rebelles, il est également possible de recourir à l’injection de toxine botulinique dans le point moteur du muscle dont dépend le tendon ; cela entraîne une faiblesse élective du muscle et par conséquent une moindre traction sur son tendon.

Les lésions méniscales du genou

Les ménisques sont des fibrocartilages en forme de demi-lune qui s’interposent entre l’extrémité inférieure du fémur et l’extrémité supérieure du tibia de manière à amortir et répartir les différentes contraintes exercées sur le genou.

Il sont au nombre de deux : le ménisque interne ou médial qui a la forme d’un « C » et qui, sur le plan anatomique, adhère fortement au plan capsulo-ligamentaire interne, si bien que le plus souvent une lésion du compartiment interne du genou touche à la fois le ligament latéral interne et le ménisque interne.

Le ménisque externe quant à lui, a une forme en « O ». Il est donc plus fermé que le ménisque interne. Sur le plan anatomique, il n’adhère pas au plan ligamento-capsulaire externe et par conséquent, il est nettement plus mobile et recule de 12 mm lors de la flexion tandis que le ménisque interne ne recule que de 6 mm. Il a aussi la particularité d’être sujet aux anomalies (ménisque discoïde avec traduction radiologique).

Dans les traumatismes du genou, le mécanisme lésionnel le plus fréquent est celui du traumatisme sportif en twist qui va déchirer le ménisque en commençant par la partie postérieure (corne postérieure).

Ces lésions traumatiques sont évolutives et se complètent vers l’avant pour aboutir à la lésion dite en «anse de seau» dont la traduction clinique est un blocage du genou.

Avec l’âge, les ménisques dégénèrent et se fissurent horizontalement de dedans (versant libre) en dehors (mur périphérique). Si quelques gouttelettes de synovie passent à travers une brèche capsulaire, il va y avoir formation d’un kyste méniscal visible.

D’une manière générale, la tendance actuelle sur le plan thérapeutique est de s’abstenir sur le plan chirurgical lorsque la lésion méniscale est limitée à la corne postérieure. Si la lésion déborde vers l’avant et si le sportif est gêné dans sa pratique comme dans les sports de pivot, il est légitime de procéder à une méniscectomie partielle tout en étant très économe dans le geste chirurgical.

Les médecins du sport traitent bon nombre de lésions méniscales par des infiltrations de corticoïde ou mieux, par des injections d’acide hyaluronique qui constituent une excellente alternative à la chirurgie.

A noter que la réparation chirurgicale du ménisque externe peut s’accompagner de chondrolyse aiguë (c’est une complication redoutable secondaire, surtout lorsque la reprise de l’activité physique ou sportive est trop précoce, avant le 3ème mois). La chondrolyse érode tout le cartilage et dure un an. La ponction ramène une substance semblable à de la neige et aboutit à une arthrose fémoro-tibiale externe rapide qui compromet l’avenir sportif.

Les accidents musculaires dans la pratique sportive

Les lésions musculaires constituent 23% de l’ensemble des lésions traumatiques dans la pratique sportive. Par souci de simplification, on retiendra trois grands types de lésions :

- Les lésions musculaires sans atteinte anatomique,

- Les accidents musculaires intermédiaires,

- Les lésions musculaires avec atteinte anatomique.

a) Les lésions musculaires sans atteinte anatomique.

Il s’agit de crampes, de courbatures ou de contractures qui surviennent sur un muscle ou un groupe musculaire fatigué.

A l’évaluation clinique, le muscle est induré ou douloureux. Il n’y a pas de lésion histologique. Au niveau des examens complémentaires, l’échographie est négative et non nécessaire. Le repos constitue l’unique traitement qui va de quelques minutes pour une crampe, jusqu’à cinq à dix jours pour une contracture.

Un traitement kinésithérapique est parfois indiqué : massages et physiothérapie avec chaleur sous toutes ses formes. Le recours aux médicaments décontracturants type myorelaxants n’est pas nécessaire.

b) Les lésions musculaires intermédiaires avec ou sans lésion anatomique.

Le mécanisme lésionnel peut être une contusion par choc direct ou indirect avec possibilité d’un hématome circonscrit ou d’une ecchymose.

Sur le plan histologique, la lésion peut être variable mais n’est jamais grave.

L’échographie peut être intéressante en précisant la lésion.

Attention! un hématome peut se compliquer en devenant compressif sur une structure de voisinage (os, vaisseau, nerf). Danger également de myosite ossifiante.

Sur le plan thérapeutique, repos en fonction de la gravité de la lésion initiale et utilisation de la cryothérapie.

c) Les lésions musculaires avec atteinte anatomique.

Pour des raisons didactiques, nous préférons conserver l’ancienne nomenclature, à savoir élongation, claquage ou déchirure musculaire, rupture ou désinsertion musculaire plutôt que la nouvelle classification basée sur la lésion histologique.

- L’élongation

elle correspond sur le plan histologique à la déchirure de quelques fibres musculaires. Sur le plan clinique, la douleur est soudaine mais limitée. L’impotence fonctionnelle est parfois relative avec possibilité pour le sportif de poursuivre son match de football ou de rugby (ce qui n’est jamais une bonne chose et source d’aggravation).

Le diagnostic échographique est difficile et nécessite un opérateur entraîné.

Le repos est la thérapeutique essentielle. Il est d’au moins quinze jours avec l’appoint de la kinésithérapie avec glaçage initial qui réduit considérablement la lésion.

- Le claquage ou la déchirure

Cela correspond sur le plan anatomique à la lésion d’un ou plusieurs faisceaux musculaires. Sur le plan clinique, le claquage est parfois audible, il s’accompagne d’une douleur fulgurante qui s’étend rapidement à la totalité du groupe musculaire lors de l’évaluation clinique. Il y a apparition d’un œdème rapide et constitution d’un hématome.

L’échographie est facile et montre des zones hypo ou hyper échogènes.

Le repos est également ici le traitement essentiel. Il peut aller de trois à six semaines en fonction de l’étendue de la lésion.

- Les ruptures ou les désinsertions musculaires.

Sur le plan clinique, c’est un accident grave et spectaculaire, qui survient en plein effort. Le sportif paraît foudroyé et chute, la douleur est syncopale et l’impotence fonctionnelle totale. Dans l’immédiat, l’encoche musculaire est palpable cliniquement, l’œdème survient rapidement. Le mouvement actif est quasi-impossible, le mouvement passif est hyperalgique.

L’échographie est facile.

Sur le plan thérapeutique, le repos varie de 60 à 90 jours.

Certaines lésions peuvent être du domaine chirurgical.

Ces différentes lésions musculaires peuvent se compliquer : la récidive est fréquente surtout si la prise en charge initiale est inadaptée et si la reprise des activités sportives est trop précoce.

L’hématome compressif va nécessiter une évacuation à l’aiguille sous échographie voire chirurgicale si nécessaire.

La myosite ossifiante est favorisée par des massages locaux intempestifs. La thrombophlébite est favorisée par un mauvais état circulatoire et par un hématome compressif.


CONCLUSION : REGLE D’OR

En matière de traumatologie sportive, la règle d’or sur le terrain est l’arrêt immédiat de l’activité, la pose d’une vessie de glace avec un pansement compressif et l’immobilisation dans une attelle dans les cas sévères.

POINTS ESSENTIELS

L’activité physique est un fait de société, pratiqué par un grand nombre de nos concitoyens de tous âges , de tous sexes et de tous niveaux avec un profil type particulièrement exposé aux traumatismes sportifs: homme jeune, sportif de loisir ou de sports collectifs.

A coté des traumatismes sportifs par mécanisme lésionnel unique et violent et signes cliniques immédiat, il existe de plus en plus des lésions plus sournoises de sur utilisation comme les tendinopathies ou les fractures de fatigue à l’exemple de ce que l’on retrouve dans la vie professionnelle avec les accidents musculo squelettiques.

Tous les éléments du système locomoteur peuvent être touchés avec des degrés de sévérité variables.

Pour une lésion donnée, il existe un médecin adéquat et bien formé : cela va du médecin généraliste au spécialiste hospitalier du haut niveau. Intérêt de la règle des 3M de la Pitié Salpétrière et des règles d’Ottawa dans l’entorse de la cheville qui est la lésion la plus fréquente dans la vie courante.

Le recours aux examens complémentaires, source de dépenses de santé, doit être réfléchi.

Dans les traumatismes articulaires qui ne sont pas chirurgicaux d’emblée, le recours à des injections d’acide hyaluronique est le traitement de choix qui préserve au mieux l’avenir de la fonction articulaire.

L’interruption immédiate de l’activité sportive et le glaçage constituent les 2 règles d’or dans la traumatologie du sportif.